+ere observation Steiner : periode de physique
Réaction/disposition des personnes à mon arrivée
Dès que j’arrive dans la cours, une maman d’élève qui travaille maintenant au secrétariat de l’école me reconnaît et m’interpelle. Elle m’explique qu’elle est en train de faire la formation Steiner et me parle d’un travail d’une personne qui, dans son mémoire, a comparé l’éducation Steiner à l’éducation publique. Elle me propose de me donner ce travail. À ce moment Monsieur Thébauld rejoint dans la cours et me salut. Il me montre sa salle de cours, le bureau et les chaises qui ont été mises à notre disposition et me dit qu’il monte en salle des maîtres dire les paroles du matin.
Lorsque les élèves arrivent je propose de me mettre avec lui à la porte pour leur serrer la main. Après être entré chaque élève dépose sa veste sur le portemanteau au fond de la classe ; chacun a une place attitrée avec une étiquette où est écrit son nom. A certains élèves qui le salut un peu «rapidement » Mr. T les reprend et leur demande, avec une certaine insistance, s’ils vont bien. Cela m’étonne. Il reprendra aussi une élève qui lui a simplement dit « bonjour » et non « bonjour Monsieur Thébauld ». Plus tard au cours de la conversation il m’expliquera que c’est parce qu’il trouve important que chacun reconnaisse l’autre : ainsi, en le nommant « Monsieur Thébauld » c’est à spécifiquement à lui qu’elle adresse son salut et non à n’importe qui. Les élèves doivent déposer leur portable dans une boîte à la porte d’entrée.
Il est 8h10 environ. Monsieur Thébauld rend un devoir d’histoire, en demandant de leur faire signer le devoir aux parents.
Dès ce moment-là et tout au long du cours il y aura des sortes d’intermède où le prof fait une remarque de discipline à un élève. Par exemple il demande à une élève de descendre une chaise de la table d’à côté, elle ne rechigne pas mais fait la moue avant de le faire. Ensuite un élève lui dit «mais ça ne vaut pas une retenue Monsieur vous n’avez pas me mettre en retenue », le prof lui explique que non mais que quand même il doit se reprendre. Tension entre se faire respecter, avoir une classe calme et ne pas être trop sévere.
Ensuite Monsieur T me demande de venir me présenter devant la classe et d’expliquer mon travail ainsi que mon parcours. Je dis que je viens pour faire un travail d’ethnologie : je viens observer comment Monsieur Thébauld leur enseigne et qu’est-ce qu’ils apprennent en classe. J’explique que je serai souvent à l’arrière en train de noter des choses sur mon cahier mais que ce n’est pas secret et qu’ils peuvent venir regarder ce que j’écris. Ensuite, j’explique (sur la demande de Mr T.) ce que j’ai fait après sortie de l’école Steiner mon bac en France, mon année sabbatique puis mon entrée à l’université à Neuchâtel. Monsieur Thébauld me demander de parler de mon « chef-d’œuvre ». Le chef-d’œuvre est une sorte de travail de fin de maturité, effectué sur un an contenant un travail de recherche théorique et un travail pratique. J ’explique que j’ai fait mon exposé sur les chevaux et sur la relation que les personnes handicapées et les personnes sans handicap peuvent avoir avec cet animal. J’ai l’impression que pour Monsieur Thébauld parler de cela, c’est tenter de nous « rapprocher », moi et ses élèves : il ajoute que certains élèves font aussi de l’équitation et me les désigne.
Ensuite il demande à un élève de venir au tableau écrire la date et de dire l’emploi du temps de la journée. Puis il annonce quelques changements sur l’emploi du temps, donne un document du DIP à transmettre aux parents. Interférence entre education public et steiner.
Ils disent les paroles du matin qui est une sorte de poème répétés chaque matin de la première à la 12e classe pour, si on écoute les paroles, « s’ouvrir à l’apprentissage et à l’environnement en général ». Mais cela n’est que mon interprétation. Ensuite il annonce qui est de ménage cette semaine. demander une copie des paroles
Ensuite, ils répètent ensemble des morceaux de flûte pour le concert de Pâques. Je trouve qu’il a un bon niveau général, ils semblent tous arrivés à lire des partitions. Le prof semble diriger vaguement la musique d’un mouvement de la main mais personne ne semble prêter attention à ses gestes. Pour la 2e chanson ils changent de place selon la voix à laquelle ils appartiennent (toujours avec la flûte). Ils doivent recommencer car une élève n’a pas son cahier et retourne vers son buro pour le prendre.
Quelques élèves se tournent vers moi et me regardent brièvement avant de détourner les yeux dès que je les regarde e en retour. Sont-ils curieux ? inquiets ? Que pensent-t-ils de moi ?
Je note une légère moquerie des élèves dirigés vers le prof : il répète ce qu’il a dit en limitant de manière exagérée et comique. À la 3e chanson ils changent encore de place. Je me demande comment ils ont choisi quel élève aller faire quelle voix. Qui a choisi ?
Le prof commence à parler en milieu de chanson, qui met les jeunes n’y font pas attention et continue à jouer. Après un moment il ne s’interrompt car c’est le brouhaha. Le prof hausse la voix puis menace un élève : « tu sais bien qu’il ne faut pas mettre de mots dans son carnet ! »
Peu après il dira encore « j’ai un problème avec les élèves qui n’arrivent pas à se mettre au travail le lundi matin. ». Dès qu’ils se remettent à jouer de la flûte, je remarque que c’est beaucoup plus joli, la classe et silencieuse, plus personne ne perturbe.
Je suis étonnée de voir une élève se lever et vienne se mettre devant les autres élèves pour accompagner le chant à la flûte. Une autre se lève pour aller se moucher, le prof ne fait aucune remarque, ne lui prête pas attention.
8h50 : c’est la fin de la session musique, les élèves retournent à leur place dans le bruit. Monsieur Thébauld demande à une élève de raconter les expériences faites vendredi passé. Elle n’a que des souvenirs vagues et plusieurs élèves prennent la parole pour l’aider. Ils arrivent, avec l’aide du prof à expliquer qu’ils ont observé la réaction que le feu a sur le liquide. Monsieur Thébauld demande à 3 élèves différents de raconter chacun une expérience efféctuée jeudi qui mettait en scène cette réaction.
9h03 : il commence une nouvelle expérience. Les élèves des 2 rangées de dernière se rapprochent bruyamment, leurs déplacements sont accompagnés de remarques du professeur. Le professeur fait l’expérience : (il chauffe le ballon et le bouchon saute au bout d’un moment. Ensuite il demande à un élève d’expliquer le déroulement de l’expérience et à un autre d’expliquer la conclusion. Le volume sonore est fort, chacun commente de son côté l’expérience ; une fille a eu peur lorsque le bouchon à sauter et a crier, certains ont rigolé de sa réaction. La 2e et la 3e expérience se font sur le même principe : le professeur fait l’expérience puis demande à un élève de la décrire et à un autre d’en tirer les conclusions. Le volume sonore reste moyen.
À 9h15, les expériences sont terminées après un retour toujours bruyant à leur place ; le professeur donne les consignes : « chacun va travailler sur son cahier dans le plus grand silence. Je vous ai demandé à plusieurs reprises de vous taire, vous ne m’avez pas écouté… ».
Au début, ne voyant que les dessins de l’expérience au tableau, j’ai cru que c’était à chacun de décrire le matériel, le déroulement et la conclusion de l’expérience. Mais non : Mr T. demande à un élève de lui dire quel matériel ils ont utilisé, à un autre d’expliquer le déroulement et à un autre la conclusion puis note les phrases des élèves au tableau en faisant quelques modifications.
Monsieur Thébauld interrompt son activité pour confisquer le cahier d’un élève car il a « trop parlé », il explique la punition : « on va prendre du temps maintenant et le reporter sur la récréation ». Plus tard, Monsieur Thébauld demande à ses élèves d’expliquer la conclusion d’une des expériences. L’élève puni est mis à contribution, il demande ensuite s’il peut reprendre son cahier. Ca me fait pensé à une sorte de négociation, de deal. Après lui avoir dit « je viendrai te le donner moi », le prof le lui rend directement. Ici, j’ai l’impression que le prof veut être écouté sans être trop sévère.
En parallèle de ce travail d’écriture, le prof invite chaque élève a venir à la fenêtre pour refaire l’expérience de jeudi passé qui n’était pas très clair apparemment ( à savoir la réaction d’une bougie selon si on la place en haut ou en bas d’une ouverture faite par une porte ou une fenêtre). Ainsi chaque élève peut par lui-même vérifier la conclusion et Mr T. vient s’assurer que chaque élève pour a bien comprit le phénomène.
Le prof ordonne à un élève de sortir car il a trop parlé, il le fait revenir 5 minutes plus tard.
L’expérience de jeudi est couchée dans leur cahier de la même manière que les précédentes.
Je fais un tour de la classe pour observer les différents cahiers des élèves. Je remarque certaines différences : certains font des marges d’autres non, certains prennent une page par expérience, d’autres ½ page, certains écrivent droit d’autres non, certains ont un cahier avec une feuille de protection d’autres un cahier tout simple avec des feuilles blanches et épaisses. Par contre le point commun est que tous utilisent des crayons de couleur pour faire ressortir les titres du texte.
Des petits bruits de conversations reprennent çà et là, des rires. Le professeur réinterroge un élève pour la 9e expérience, un autre fait remarquer que l’explication de son camarade (le faite que « l’air chaud fasse tourner la spirale ») ne rentre pas dans l’observation mais dans la conclusion. Monsieur Thébauld accepte la remarque et modifie ce qu’il a écrit au tableau. Relation plutôt égalitaire ici ?
S’ensuit un échange entre certains élèves et le professeur qui m’étonne, j’ai l’impression que les élèves disputent la place de pouvoir du professeur :
prof (enthousiasmé) : « vous imaginez ce qu’on peut faire avec ça ..» (parle de l’expérience)
élèves « oui : énerver une classe entière »
prof « oui c’est ça énerver une classe entière, il y a autre chose qui énerve le prof ! » (Là je suppose qu’il parle du brouhaha continu de la classe ). J’ai l’impression qu’il cherche mon soutien car il me regarde, je lui souris.
Ensuite il commence à dessiner la 10e expérience au tableau, les élèves commencent à rechigner : «après c’est fini ? », « Monsieur on fait pas de matériel et tout… On a déjà vu une porte...on sait » Le prof répond : « mais tu me laisser faire mon cours comme je veux ! » Mais en effet, pour cette expérience il ne décrira pas ni le matériel ni le déroulement mais fera tout en une seule partie.
Alors que des élèves commencent à ranger leurs affaires le prof s’écrit : « j n’ai pas fini mon cours ! ». Il demande encore où le phénomène de la dernière expérience est utilisée (R : pour l’aération). Assez pédagogique : il essaie d’utiliser aux max les interventions des élèves,
10 heures : les élèves qui ont fini d’écrire les expériences dans leur cahier peuvent sortir, les autres doivent rester pour terminer.
Récréation :
J ’en profite pour faire le tour du bâtiment, j’observe que pas mal de choses ont changé : il y a un nouveau bâtiment là-où avant il y avait une place de jeux pour les jardins d’enfants, ils sont aussi en train de construire un abri sur la terrasse devant les ateliers manuels. À mon grand étonnement en haut au 2e étage, là où il y a des les classes des grands, je ne vois personne dehors. Certains grands, de la 8e ou 9e classe je dirais, sont en bas au réfectoire. Par contre les petits jusqu’à la 6e 7e peut-être même 8e, n’ont pas le droit de rester dedans: je surprends un prof qui leur dit de sortir dehors.
Lorsque les élèves rentrent de la récréation je surprends un dialogue entre 2 élèves et Monsieur Thébauld : les élèves demandent « vous pouvaient nous donner un thème pour le concours ? », Cette manière d’apostropher le prof me semble plus informelle ils rient ensemble, je suis étonnée de cette complicité.
Je décide de ne pas aller au cours d’anglais de midi, et de prendre 2 heures de pause pour pouvoir couper avec ce travail de prise de notes écrites qui prend rapidement la tête.